Assemblée Nationale / Politique générale : Une déclaration à forte connotation sociale
Conformément à l'article 28 a de la Constitution qui stipule qu'au terme de 45 jours après sa nomination, le Premier ministre devra présenter sa Déclaration de Politique générale à la représentation nationale, le Professeur Daniel Ona Ondo s'est plié, le 10 mars 2014 à cet exercice à forte connotation sociale et aux acquis de l'Emergence et dont nous publions ci-dessous.
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec une émotion à peine contenue et en prenant la pleine mesure de la gravité de l'instant que je m'installe devant ce pupitre, dans ce prestigieux hémicycle du palais Léon MBA qui m'a davantage vu assis à vos côtés, pour sanctionner de la confiance du Parlement, l'exercice auquel je vais me livrer ce jour. J'en éprouve un sentiment de très grande fierté et d'extrême responsabilité. De ce fait et à cet instant précis, je puis vous assurer que j'ai pleinement conscience que le Gouvernement que je conduis, plus qu'aucun autre, et moi-même n'avons pas le droit à l'erreur, encore moins à l'échec.
Je sollicite d'ores et déjà votre empathie et votre soutien en revendiquant notre complicité, celle des deux institutions républicaines que sont l'Assemblée Nationale et le Gouvernement et celle d'anciens collègues d'une histoire si riche et si passionnante qui ont appris, en se côtoyant, à se faire confiance.
Certes, aujourd'hui, je ne suis pas ici pour écouter, débattre, amender, voter comme je l'ai fait à vos côtés pendant de nombreuses années. Je viens devant votre honorable Assemblée, revêtu des habits de Premier Ministre, pour y délivrer ma déclaration de politique générale et vous demander de m'accorder votre confiance, conformément aux dispositions de l'article 28a de notre Constitution.
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Permettez moi avant toute chose de m'acquitter d'un agréable devoir, celui d'exprimer toute ma reconnaissance à son Excellence Feu Omar BONGO ONDIMBA car c'est lui qui en politique, m'a mis le pied à l'étrier. Un jour il m'a dit Daniel si tu veux faire de la politique, retiens deux mots : patience et fidélité. Je souhaite que les jeunes s'approprient cette philosophie pleine de sagesse.
Je voudrais également exprimer à Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, ma profonde gratitude et mes remerciements déférents, ainsi que ceux de mes diverses familles, naturelle, culturelle, chrétienne et politique, notamment, pour l'honneur qu'il a bien voulu me faire, en me jugeant capable de conduire le Gouvernement de la République et de l'aider, à ce poste, à concrétiser son ambition.
Face à cette haute marque de confiance et d'estime, j'éprouve des sentiments profonds d'humilité et d'appréhension devant le poids des responsabilités, l'étendue et la complexité des chantiers et la brièveté des délais. Mais en même temps, face aux enjeux économiques, sociaux et politiques de 2016 et 2025 et aux formidables défis à relever pour y faire face avec succès, je tiens à rassurer sur la volonté sans faille, la détermination, la fermeté, le courage, l'abnégation et l'enthousiasme dont je compte faire montre dans la façon de conduire l'action du Gouvernement.
Je voudrais également féliciter et remercier mes prédécesseurs à ce poste, notamment le Premier Ministre Raymond NDONG SIMA, pour avoir été des éclaireurs, voire des pionniers. Ils ont en effet, entre autres mérites, engagé les vastes chantiers de l'émergence et tracé certaines voies. Pour avoir, non seulement su préserver nos acquis, mais aussi, débloquer certaines situations, corriger des dysfonctionnements ou des anomalies, développer un environnement favorable à la croissance, ils ont dégagé le terrain et lancé le challenge. Comme des relayeurs, il nous revient désormais d'accélérer le rythme des réformes et de contribuer à faire franchir à notre équipe la ligne en vainqueur.
Comment pourrais-je résister à l'ardent désir de vous remercier tout particulièrement, une fois de plus, d'abord vous Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale et vous, honorables députés, chers anciens collègues.
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale, il y a quelques semaines j'étais à l'ombre du grand baobab de la politique gabonaise que vous êtes ; j'ai donc profité de vos conseils, de votre expérience, de votre amitié, de votre fraternité. Je voudrais vous dire un grand merci pour tout ce que j'ai appris à vos côtés.
Quant à vous, Chers anciens collègues, c'est auprès de vous et avec vous que j'ai développé ma capacité à servir mon pays, avec vous que j'ai appris le métier de législateur et, si j'ai quelques mérites à faire valoir aujourd'hui, je vous les dois en grande partie. C'est assurément fort de l'expérience acquise sur ces bancs que je pourrais harmonieusement faire vivre la collaboration entre les pouvoirs Exécutif et Législatif, prévue par notre Constitution et indispensable à la réussite de nos projets communs, pour le bien de nos concitoyens.
Je voudrais également avoir un mot pour ma famille : mon père et ma mère qui auraient tout donné pour être là ce jour. Merci pour votre éducation. A mon épouse, à mes enfants, à mes petits enfants, à mes soeurs et mes frères, à mes amis, je leur dit merci pour leur soutien et leurs conseils qui me permettent d'avoir la force et la sagesse nécessaires à l'exercice de mes fonctions.
Je voudrais enfin profiter de l'instant présent pour féliciter chaleureusement les anciens collègues Députés qui ont eu la confiance de leurs pairs et qui viennent d'être promus au bureau de l'Assemblée Nationale et les nouveaux députés qui ont rejoint l'hémicycle.
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Comme vous le savez, nous nous sommes engagés depuis 2009, à donner corps à la vision du Président de la République de faire du Gabon un pays émergent à l'horizon 2025, à travers son Projet de Société, « l'Avenir en confiance » qui s'articule autour de neuf axes, au rang desquels la lutte contre les inégalités, la pauvreté et l'exclusion.
Pour y parvenir, nous nous sommes dotés d'un instrument : le Plan Stratégique Gabon Emergent, cadre de mise en oeuvre des politiques publiques que nous devons prioritairement conduire pour atteindre les objectifs fondamentaux de diversification de l'économie et d'accélération de la croissance économique, de réduction de la pauvreté et des inégalités sociales et d'assurance du développement durable.
L'atteinte de ces objectifs requiert à la fois, la consolidation des quatre fondations de l'émergence que sont : "le développement durable, les infrastructures, la gouvernance et le capital humain", le développement des trois piliers, à savoir : "le Gabon industriel, le Gabon vert et le Gabon des services" et l'aboutissement de la prospérité partagée.
Dans ce contexte, de nombreux chantiers ont été engagés depuis plus de quatre ans. Certains succès sont déjà enregistrés. C'est ainsi que des infrastructures supplémentaires dans tous les secteurs sont visibles dans le pays. Une nette amélioration de l'environnement des affaires est également constatée si bien que le Gabon a gagné onze (11) places, dans le classement mondial Doing Business 2014 de la Banque mondiale. Il constitue ainsi l'une des cinq économies africaines les plus performantes, à travers les réformes mises sur pied pour assurer le développement de son secteur privé.
Le reflet de l'ensemble de ces efforts est que le Gabon présente une croissance économique de 6% en moyenne entre 2010et 2013, tirée essentiellement par le dynamisme du secteur hors pétrole dont la croissance a atteint 8,1% en moyenne sur la période.
Par ailleurs, il convient de relever la solidité de notre cadre macro-économique perceptible aussi, par des tensions inflationnistes maitrisées, des finances publiques consolidées et une situation monétaire favorable.
Ces évolutions sont encourageantes. A ce rythme, l'objectif d'une croissance à deux chiffres est à notre portée.
Toutefois, en dépit ces réussites, notre pays projette une image de pauvreté caractérisée par de faibles indicateurs sociaux.
Qu'observons-nous ?
30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Depuis 2005, le phénomène du chômage a pris de l'ampleur à tel point que le taux de chômage, en 2010, s'élève à 20%. Mais en réalité, il est de l'ordre de 28% si l'on considère toutes les personnes qui ne sont pas, de manière active, à la recherche d'un emploi.
Ce chômage reste le reflet de l'inadéquation entre la formation et le marché de l'emploi et interpelle tout particulièrement les autorités publiques. Les femmes et les jeunes en sont les principales victimes. D'autres domaines sociaux présentent encore des carences qui ne peuvent laisser indifférent le Gouvernement que j'ai l'honneur de diriger.
Il est patent que beaucoup reste à faire. Certes, il est vrai que nous avons à conduire des réformes et à provoquer des changements qui nécessitent souvent du temps et de la persévérance avant que d'engranger les récoltes attendues, eu égard à leurs dimensions structurelle, comportementale, sociétale.
Pour autant, et malgré des succès reconnus par les observateurs internationaux, nous n'avons pas encore écorné ce paradoxe têtu que présente notre pays d'être classé à la fois comme un Pays à Revenu Intermédiaire de la tranche supérieure, en considérant son PIB par habitant et comme un des Pays les Moins Avancés, au regard de son taux de pauvreté, alors même que la date butoir pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui visent à lutter contre la pauvreté, a été fixée à 2015 !
Il va de soi que si la vision que nous partageons avec le Chef de l'Etat est de faire de notre pays, une économie émergente, ce n'est pas au prix de 30% de Gabonais laissés pour compte !
Le projet de société du Président de la République ne s'y est pas trompé lorsqu'il a prévu en son axe 9 de lutter contre les inégalités, la pauvreté et l'exclusion. Quant au partage équitable des fruits de la croissance prévu au chapitre 4 du Plan Stratégique Gabon Emergent, il n'est nulle part fait mention qu'il faille attendre 2025 pour y songer.
La phrase du Président de la République, placée en exergue de ce chapitre du document stratégique, est de ce point de vue suffisamment instructive, je cite : « il n'est plus tolérable qu'il y ait autant d'emplois précaires, de chômeurs, de pauvres, d'inégalités, d'exclus, de non ou mal logés, de non ou mal enseignés, de non ou mal formés, de non ou mal soignés » !
Ce n'est pas non plus sans raison que le Président de la République a commandé en octobre 2013, un rapport sur l'état de la pauvreté dans notre pays, travail conduit sous l'autorité de la Première Dame, Madame Sylvia BONGO ONDIMBA à qui je voudrais ici exprimer toute notre reconnaissance.
Tirant les enseignements de ce rapport et prenant la juste mesure de la gravité de la situation, le Chef de l'Etat a instruit le Gouvernement de l'établissement d'un nouveau Pacte social, fondé sur la vertu cardinale qu'est la solidarité et le triptyque qui guide son action depuis 2009, à savoir : Paix - Développement - Partage.
Nous avons ainsi l'obligation, de parvenir, sinon à éradiquer les fléaux de la pauvreté et de l'exclusion sociale, du moins à en diminuer de manière drastique les effets délétères. Nous devons parvenir à améliorer significativement le niveau et la qualité de vie des Gabonaises et des Gabonais. Lire l'intégralité de la déclaration