A .A.A.C.A : Dieudonné Awassi Odounga élu 2ème vice président

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Prenant part aux assises de l'Association des Autorités Africaines de Lutte contre la Corruption (AAACA) qui se sont tenues à Accra au Ghana du 16 au 18 septembre 2013, le Président de la Commission nationale de Lutte contre l'Enrichissement Illicite (CNLCEI), Dieudonné Odounga Awassi, magistrat hors hiérarchie a été élu 2ème vice président de cette organe par ses pairs du continent au terme d'un vote à bulletins secrets où il a recueilli 24 voix sur les 27 après un soutien conséquent de ses homologues d'Afrique centrale.

Quant au fauteuil de premier vice-président, il est revenu à John Lul Gatwech, patron de la croisade anti-corruption au Sud Soudan et la présidence à Charles Ayamdoo, actuel directeur de la lutte contre la corruption au Ghana. Le leadership comprend également cinq autres membres représentant toutes les régions du continent (Afrique du nord, ouest, centre, orientale, Australe). Le Burundi garde le Secrétariat Permanent  à Bujumbura, après avoir assuré la période intérimaire depuis 2011.

Dans sa feuille de route, l'AAACA doit renforcer l'indépendance, l'efficacité des Institutions nationales de lutte contre la corruption, la coopération mutuelle et le dialogue entre les membres. 

Conscients que la lutte contre la « corruption est une affaire de tous et de chacun », la Déclaration d'Accra marque la résolution de l'Association des autorités africaines de lutte contre la corruption à donner à celle-ci une « grande visibilité tant au niveau continental qu'international », à « parler d'une seule voix dans les réunions internationales, mettre en place des mécanismes pour la récupération des avoirs volés (...) ».

Ainsi, le choix porté par nombre de pays africains sur la Commission Nationale de Lutte contre l'Enrichissement Illicite dans la composition du Conseil exécutif de l'AAACA, engage le Gabon à plus de détermination vis-à-vis de la mauvaise gestation des finances publiques et ses délits connexes (détournement, enrichissement illicite, blanchiment des capitaux, favoritisme, trafic d'influence...) afin qu'il n'y ait plus de paradis pour les corrupteurs et corrompus.

 

PAUPERISATION DES POPULATIONS

 

Outre l'élection  et l'adoption des statuts, le programme de la rencontre de la capitale ghanéenne prévoyait des communications et échanges. A cette occasion, des chiffres forts inquiétants ont été annoncés pour illustrer le phénomène complexe, changeant et de plus en plus répandu qu'est la corruption.

Selon le rapport 2012 de la Banque Mondiale, 148 milliards de dollars ont été perdus en Afrique à cause de la corruption ; ce qui accroit la paupérisation des populations. 

La plate- forme  de lutte contre ce que d'aucuns qualifient de « cannibalisation » du patrimoine, née dans la capitale ghanéenne, s'impose comme un instrument interafricain qui apporte une nouvelle vision dans la consolidation des efforts visant à marginaliser le fléau.« La corruption existe là où se trouve l'argent, or l'argent se trouve partout », dixit un délégué guinéen aux travaux d'Accra. D'où l'urgence qui consiste à coordonner et harmoniser la lutte à l'échelle continentale et mondiale. 

Tout commence par des législations nationales fortes. Au Gabon, des jalons ont été  posés à l'image de l'adoption d'une une loi créant la Commission nationale de lutte contre l'enrichissement illicite, le 7 mai 2003. L'une des rares en Afrique centrale à disposer d'un tel dispositif juridique. 

La structure - dirigée depuis juillet 2013 par Dieudonné Odounga Awassi- dispose du statut d'Autorité Administrative Indépendante (AAI), c'est-à-dire un organisme administratif qui agit au nom de l'Etat sans pour autant relever de l'autorité d'un membre du Gouvernement. Elle jouit d'une autonomie financière. 

Quelques mois plus tard, en septembre 2003, la Convention de l'Union africaine sur la prévention de la lutte contre la corruption voyait le jour, et celle des Nations Unies contre la corruption, en décembre 2003. Le Gabon avait été associé à la préparation des différentes conventions avant de les signer et ratifier pour les couler dans sa législation. 

A côté des investigations, la CNLCEI met beaucoup d'accent sur la prévention, la bonne gouvernance, la transparence, et aujourd'hui, il existe un domaine dans lequel le Gabon fait la course en tête, c'est le volet « déclaration des biens », estime-t-on au siège sis au quartier London (Libreville). "Au départ, c'était impensable qu'on puisse dire à un ministre où à un président de la République de déclarer ses biens. Aujourd'hui, cela va simplement de soi", ajoute-t-on. 

En Février 2010, la Commission a sollicité et obtenu du nouveau président de la République, Ali Bongo Ondimba, la modification de la loi par ordonnance, incluant une amende pour ceux qui hésitent à déclarer leurs biens. Il apparait nettement que la corruption ne peut pas être effectivement combattue avec succès sans volonté politique des plus hauts dirigeants. « Une loi , comme tout autre instrument , ne vaut toujours que par l'usage qu'on en fait », a rappelé lundi 16 septembre 2013 , le ministre burundais à la Présidence chargé de la Bonne Gouvernance et la Privatisation, Issa Ngendakumana, dans son discours prononcé à l'ouverture de la 2ème conférence de l'Association des Autorités Africaines de lutte contre la Corruption en présence du chef de l'Etat ghanéen , John Dramani Mahama. 

Il faut dire que l'élection du gabonais à ce poste est la résultante des efforts déployés par les pouvoirs publics à lutter avec la dernière énergie contre la corruption sur toutes les sphères de l'administration publique.