L'adresse d'Ali Bongo Ondimba à la communauté internationale

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Dans un discours mémorable, le Président de la République, Chef de l'Etat, Ali Bongo Ondimba qui a pris une part active au dernier sommet sur la sécurité et la sureté nucléaires à Séoul a prononcé un mémorable discours dont voici la teneur :

Excellence, Monsieur le Président LEE Myung-Bak, Président de le République de Corée,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,

Excellence, Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations,

Mesdames et Messieurs,

Le Gabon est très honoré de participer à ce deuxième sommet sur la sécurité nucléaire.

Je tiens à remercier le Président LEE Myung-Bak et le Gouvernement coréen de l'accueil chaleureux et cordial qui nous a été réservé, à moi et la délégation qui m'accompagne.

Je voudrais exprimer au Peuple Sud-Coréen les sentiments d'amitié et de solidarité du Peuple Gabonais.

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etats et de Gouvernement,

Notre sommet se tient à un moment opportun, alors que le contexte international reste marqué par des instabilités multiformes qui touchent la paix et la sécurité internationales, le système financier et économique mondial, ainsi que l'environnement et le climat. 

En toile de fond de ces instabilités, nous vivons un paradoxe historique de la réalité nucléaire : la probabilité d'un conflit nucléaire s'est réduite, tandis que la menace du terrorisme nucléaire s'est accrue et nous préoccupe aujourd'hui au plus haut point.

Il y a lieu de se féliciter de ce que la communauté internationale ait accordé une attention soutenue, à travers diverses initiatives, aux défis que présente la sécurité nucléaire.

Je pense en particulier à l'initiative sans précédent que le Président Barack OBAMA a prise il y a deux ans, en 2010, d'organiser le Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire. 47 pays de toutes les régions du monde y ont pris part.

Comme décidé lors de ce sommet, nous nous réunissons à nouveau et notre rencontre nous donne l'occasion d'évaluer les divers aspects de la question.

L'accident de FUKUSHIMA nous a rappelé qu'il est tout aussi important d'accorder la même attention à la question de la sureté des matériaux nucléaires et radioactifs.

Je me réjouis donc du double accent que notre sommet place sur ces deux aspects liés que sont la sécurité et la sureté nucléaire.

Il nous faut oeuvrer dans le sens d'un régime international qui renforce notre action sur ces deux aspects. Nous devons, ici à Séoul, réitérer notre volonté de mettre en oeuvre les actions décidées à Washington, y compris la mise en place de cadres réglementaires et institutionnels pour assurer la protection des matériaux nucléaires et radioactives.

Je voudrais me féliciter de ce que l'Afrique participe à ce second Sommet comme ce fut le cas du premier à Washington. 

Je tiens à réaffirmer l'importance et la priorité des questions de la sécurité et de la sureté nucléaires pour l'Afrique. L'Afrique est au premier chef concernée par tout ce qui influe sur la paix et la sécurité internationales. 

Le continent africain contribue aux efforts de la communauté internationale visant le renforcement du régime international de sécurité nucléaire. L'Afrique a élaboré son propre traité, le Traité de PELINDABA, visant à éliminer l'existence d'armes nucléaires sur le continent. La Commission Africaine sur l'Energie Nucléaire (AFCONE) est l'organe de mise en oeuvre du Traité. 

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etats et de Gouvernement,

Le Gabon attache la plus haute importante à nos travaux et aux engagements que nous allons prendre ici. 

Face aux menaces et risques nucléaires, nos initiatives doivent privilégier le cadre multilatéral du système des Nations Unies. Aussi voudrais-je rappeler l'adhésion de mon pays au consensus et au régime international qui existent depuis sur la limitation et la non-prolifération nucléaire. 

Le Gabon a ratifie les principaux Instruments qui fondent le régime international sur la non-prolifération et la sécurité nucléaire, il honore également les obligations faites aux Etats, découlant de la Résolution 1540.

Nous avons la conviction profonde que la science nucléaire ouvre des possibilités réelles pour le développement et l'industrialisation de nos pays. L'Article IV du Traite de Non-prolifération accorde un droit inaliénable à toutes les parties pour le développement de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.

Le Gabon adhère sans réserve à la promotion de la science nucléaire uniquement à des fins pacifiques. C'est dans cet esprit que nous souhaitons un régime international transparent qui repose sur la confiance.

En ce qui concerne la sécurité nucléaire, mon pays adhère à la Déclaration d'Alger de janvier 2007, qui invite les Etats africains à renforcer les mesures de sécurité et de sureté nucléaires dans le cadre d'une approche globale visant à promouvoir l'usage responsable et sécurisé de l'énergie nucléaire.  

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etats et de Gouvernement,

Mon pays et l'Afrique attendent de ce Sommet qu'il soit bénéfique pour notre sécurité, et qu'il ouvre des perspectives en ce qui concerne la question de l'énergie nucléaire.

Nos préoccupations concernent avant tout le développement d'une coopération et d'un partenariat solides entre l'Union Africaine, les Nations Unies et l'AIEA sur la question de la sécurité nucléaire en Afrique. Il est souhaitable que les efforts de l'Afrique soient soutenus par la communauté internationale.

Nos attentes concernent notamment l'appui au renforcement des capacités institutionnelles, humaines et technologiques de nos pays. 

Je saisis cette occasion pour saluer l'action de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) en faveur des pays africains, ainsi que l'appui que l'Union Européenne apporte à cette action. 

Comme je le soulignais au début de mon propos, notre action doit être collective et fondée sur la confiance mutuelle et des engagements de tous.

Dans ce sens, le Gabon et les pays africains doivent continuer à participer à cette action collective. Nous devons participer aux cadres et régimes internationaux mis en place par les Nations Unies. Nous devons renforcer notre collaboration avec l'AIEA. 

La question de l'énergie étant cruciale pour nos pays, il n'est pas exclu que l'option de l'énergie nucléaire soit envisagée dans certains cas et ce d'autant plus que la question de la fracture énergétique reste entière. En effet, quelle réponse apporter à nos populations qui demeurent dans l'obscurité alors que la ressource exportée profite à d'autres ?

Il est donc souhaitable de réfléchir aux avantages et risques de l'utilisation pacifique du nucléaire pour l'énergie.

Les risques réels de terrorisme nucléaire et de trafic de substance radioactive sont une préoccupation pour nos pays.

Pour l'Afrique le nucléaire n'est pas qu'une question de sécurité. Il a des implications potentielles pour le développement et l'industrialisation de l'Afrique. C'est pourquoi mon pays, conscient avant tout des risques sur la sécurité internationale, entend apporter sa contribution au renforcement des principaux éléments du régime international de sécurité et de sureté nucléaires.

Le chemin vers un monde où la menace nucléaire n'existerait plus reste long et ardu, une utopie diront certains, mais la communauté internationale devrait rester mobilisée. Nous devons affirmer notre volonté d'oeuvrer pour un monde où la menace et le risque nucléaires seront minimes.

 

Je vous remercie.