Gabon-Corée du Sud : La construction d'une raffinerie en négociation entre les deux pays

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Le Président de la République Ali Bongo Ondimba en visite de travail depuis jeudi dernier en Corée du Sud a été reçu, le 25 mars 2012 par les responsables de la plus grande raffinerie de pétrole au monde, à Ulsan, ville industrielle de 1,1 million d'habitants située au Sud-Est de ce pays émergent et, durant cette réception, un projet de construction d'une raffinerie a été discuté.

 Cette visite intervient après que l'Etat Gabonais ait signé une lettre d'intention avec SK Energy (un conglomérat comprenant Samsung) en janvier 2012 pour la construction d'une raffinerie à Port-Gentil sur l'Ile Mandji.

D'une capacité de production de 1 millions de barils par jour, la raffinerie de pétrole d'Ulsan, est capable à elle seule de couvrir tous les besoins en pétrole de ce pays de 48,8 millions d'habitants.

Le site s'étend sur 2800 hectares et emploie 3000 personnes pour une production quotidienne de 800000 barils, dont 60% est exportée vers la Chine.

Durant sa visite, le Chef de l'Etat Gabonais a pu apprécier, le savoir faire et l'expertise du numéro un de l'énergie en Corée (également spécialisé dans la pétrochimie) et dont la technologie est reconnue dans le monde entier.

En 2010, SK Energy avait répondu au 10e appel d'offres pour 42 blocs pétroliers en mer profonde d'une superficie de 110 000 m2, lancé par le gouvernement gabonais. Et en janvier 2012, une lettre d'intention a été signée entre les deux parties.

Actuellement, SK Energy est engagé dans des activités d'exploration et de développement de 26 blocs de gaz et pétrole dans 14 pays du monde.

SK Energy fait partie de SK Group, 3e plus important conglomérat de Corée du Sud, composé de 92 filiales dont Samsung. Il compte plus de 30.000 employés dans 113 bureaux à travers le monde. Son activité est principalement basée sur les productions de produits chimiques, l'industrie du pétrole et l'énergie (SK Energy) mais le groupe est également présent dans la construction, le transport maritime, le marketing, la téléphonie et l'internet haut débit.

L'objet de l'accord de principe entre l'Etat gabonais et SK énergie porte sur la création d'une raffinerie d'ici deux ans dans la Zone Franche de l'Ile Mandji.

Cette raffinerie remplacera alors la Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA), devenue trop vétuste et dont la capacité de traitement ne correspond plus à la politique de valorisation des matières premières souhaitée par le Président Gabonais.

Actuellement, le Gabon exporte toujours 95% de son pétrole brut ; le reste de sa production étant transformé localement par la SOGARA.

Si les négociations aboutissent, il est prévu que la nouvelle raffinerie traite 50 000 barils jour (vs 21000 barils/jour actuellement avec la SOGARA). La moitié de cette production sera destinée à l'exportation tandis que la partie restante sera consommée localement. La nouvelle usine produira du :

- GPL- Gasoil,- Diesel,- Jet, - Fuel - Pétrole raffiné

Son coût d'environ 1 milliard de dollars sera réparti entre le Gabon et SK Energy, appuyé par l'Agence Coréenne de Coopération Internationale (KOACI) qui subventionne les entreprises coréennes souhaitant s'implanter à l'étranger.

La variable climatique a été prise en compte dans les études de faisabilités. La nouvelle entité limitera ses émissions de gaz à effet de serre, recyclera le gaz naturel et valorisera les résidus du pétrole. L'énergie produite à partir du gaz rejeté lors du traitement du pétrole servira à alimenter en électricité verte la raffinerie.

Afin de soutenir l'ambition nationale d'industrialisation, l'Etat gabonais a décidé de créer des zones économiques sur l'ensemble du territoire gabonais qui permettront de faire émerger de nouveaux pôles de croissance en attirant des investisseurs, et de rapprocher l'industrie de la ressource. Les premières zones sont actuellement en cours de construction :

- la Zone Economique Spéciale de Nkok (Libreville) principalement dédiée à la transformation du bois

- la Zone Franche de l'Ile Mandji (Port-Gentil) destinée à diversifier l'économie de la région.

Située à proximité de Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, le site de la Zone Franche de Mandji couvre une surface totale de 1500 hectares. La réalisation du projet a été confiée à la multinationale Singapourienne Olam.

La société au capital de 20 milliards de francs sera détenue à 36% par Olam, 24% par l'Etat et 40% par des entreprises de droit gabonais membres de la Chambre de commerce et d'industrie.

La signature, en 2010, d'un contrat de 1,5 milliards de dollars entre la République Gabonaise, la multinationale Singapourienne Olam et le groupe indien Tata Chemicals pour la construction d'une usine de production d'engrais marque le véritable démarrage de cette zone franche.

Cette zone offrira de nombreuses opportunités d'investissements dans :

  • Les industries et services parapétroliers ;
  • les activités de transformation du bois ;
  • le stockage, l'assemblage et la distribution de produits ;
  • les activités de services liées aux nouvelles technologies telles que la formation, le télétravail, la promotion de nouvelles technologies.

Et de forts avantages fiscaux :

  • Exonération fiscale totale pour les entreprises pendant 10 ans ; au-delà de cette période le taux d'imposition sur les bénéfices sera limité à 10% ;
  • Incitations fiscales à l'investissement et à l'embauche ;
  • Impôt sur le revenu des personnes physiques réduit ;
  • Exonération totale en matière de taxes douanières ;
  • Absence de licence d'importation, d'exportation, de contrôle des prix ;
  • Liberté des transferts financiers.

Avec environ 30 champs de production, le Gabon est actuellement le 6ème producteur de pétrole en Afrique. Selon les dernières estimations (source : British Petroleum - BP Statistical Review of World Energy 2010), le Gabon possède 3,7 milliards de barils de réservées prouvées, les plus importantes de la sous-région.

L'Etat gabonais a décidé de vendre par appel d'offre 42 blocs pétroliers, représentant une superficie totale de 108 000 km², en off-shore profond et très profond. Afin d'assurer un environnement plus attractif et sécurisé pour les investisseurs, un code des hydrocarbures est en cours de finalisation.