Grève dans l'Education nationale : Malgré une lueur d'espoir, les enfants resteront encore à la maison

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Pour une séance de travail destinée à faire le point des avancées par rapport au cahier des charges des syndicats, ce sont finalement aux négociations dont ont été soumis, le 19 novembre 2013, le Premier ministre qui était assisté pour la circonstance du président de la Commission nationale des Bourses du Gabon, M. Etienne Massard Cabinda, le conseiller technique du ministre du Budget, M. Jean Marie Ogandaga et les membres des bureaux des différents syndicats conviés à cet appel.

Au terme de plus de 6 heures de négociations entre les différents syndicats du monde de l'Education (Sena, Useg, Conasysed et la Fénapeg) et le Premier ministre, bien que les différents partis aient pu s'entendre sur l'essentiel, c'est-à-dire la résolution des points restés en suspend dans leurs cahiers de charges et devant faire l'objet d'un suivi par un comité tripartite (primature, syndicats, départements ministériels concernés et les parents d'élèves), les élèves attendront encore quelques jours avant de reprendre le chemin de l'école.

Répondant donc à une invite du Chef du gouvernement, les bureaux des différents syndicats de l'éducation nationale et celui de l'Association nationale des parents d'élèves ont égrené un chapelet de revendications qui tiennent compte de celles déjà énoncées lors de leurs différentes rencontres. Pour le chef du gouvernement, il était question de faire le point de la situation actuelle du secteur de l'éducation avec le paiement en cours des primes de vacations d'une part, et d'autre part, de faire remarquer à ses interlocuteurs que la décision de garder les élèves à la maison émanait du gouvernement car, les enseignants réunis au sein de certains syndicats ayant décidé d'observer un mouvement de grève.

Le décor ainsi planté, Simon Ndong Edzo, le délégué général de la Conasysed s'est dit préoccupé de ce que ce qu'ils considèrent dans leur syndicat comme étant les priorités de la conasysed soient reléguées au second plan par le Premier ministre alors même que la goutte d'eau ayant fait déborder le vase et qui est le retard du paiement des vacations préoccupait plus les pouvoirs publics.

Avec la hargne dont ils ont l'habitude, les membres de la consasysed qui ont posé comme préalable la sortie de la salle des autres syndicats qui, selon eux, n'avaient pas qualité d'assister à cette rencontre pour la simple raison qu'ils n'étaient officiellement pas en grève, ont été rapidement ramené à la raison par le chef du gouvernement. Ils ont ainsi sollicité la démission pure et simple du ministre de l'Education nationale qui serait, selon eux, l'obstacle majeur à la poursuite des réformes du système éducatif national.

Prenant la parole à la suite de Simon Ndong Edzo, Emmanuel Mvé Mba de l'Useg a laissé entendre que les problèmes des syndicats devraient rester en dehors du cadre gouvernemental et que la crise n'était l'apanage d'aucun camp. Le leader de l'Union syndicale des enseignants du Gabon a opté pour la mise en place d'une commission spéciale qui devra mettre sur la table les différents points relevés par les uns et les autres en vue d'une sortie définitive des crises du monde de l'éducation. L'Useg qui reconnaît au passage le droit de grève contenu dans la loi fondamentale gabonaise a déploré que celui-ci se fasse en outrepassant les règles élémentaires du bien-être. Il en veut pour preuve, la mise dans la rue forcée par les grévistes, des élèves et autres enseignants qui ne désirent pas suivre le mouvement déclenché.

Comme le précédent interlocuteur, Emmanuel Mvé Mba estime que l'attitude du ministre de l'Education nationale était un obstacle à la résolution des problèmes de ce département et qu'il fallait qu'il rende le tablier. Il s'est dit préoccupé par la situation de certains élèves qui seraient retenus depuis la descente dans la rue des élèves des lycées et collèges de la capitale. Il a demandé leur relaxe pure et simple.

Pour ce qui concerne le paiement des primes de vacations, le conseiller technique du ministre du Budget a révélé que 19031 bons de caisse avaient déjà été envoyés aux principaux bénéficiaires. De même leur distribution continuera tout au long de la semaine en cours. Information qui a comblé les attentes des syndicalistes.

Quant à Fridolin Mvé Mintsa du Sena, il s'est dit surpris de la grève déclenchée par ses pairs de la Conasysed alors même que, suivant le cahier de charges signé de commun accord au début de l'année en cours, il était question d'attendre la fin du mois de décembre 2013 pour faire le bilan et tirer les leçons des engagements pris par les différents signataires du procès-verbal. Il a fait remarquer au premier ministre qu'il y avait trop d'abus et des dysfonctionnements dans le paiement des vacations au point où certaines personnes n'ayant rien à voir avec cette prime touchaient presque dix fois plus que les véritables ayant-droits.

Pour René Mezui Menié, président de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Gabon, la situation actuelle du monde de l'éducation préoccupe au plus haut les responsables qu'ils sont, au point où il appelle simplement les uns et les autres à plus de patriotisme et à un esprit de responsabilité vis-à vis de l'avenir de la nation de demain. Remerciant au passage le Chef de l'Etat pour avoir initié la présente rencontre, il a informé le premier ministre de ce que certains enseignants passeraient le clair de leur temps dans les salles de classe sans dispenser les cours aux élèves et sans aucune raison valable.

Revenant sur l'attitude affichée par certains membres des syndicats qui estiment que le gouvernement ne communiquait pas assez, Raymond Ndong Sima les a rappelés que, lorsqu'il était sorti de ses bureaux pour rejoindre les grévistes de l'autre côté de la rue, il l'avait fait de son propre gré, sans aucune contrainte. Quant au point relatif à la gestion des effectifs pléthoriques dans les salles de classes, le premier ministre a fait savoir que ce phénomène qui ne date pas d'aujourd'hui, ne saurait être résolu dans la précipitation. Il a laissé entendre qu'il s'inscrivait dans le temps et c'est ce qui se fait actuellement avec le décongestionnement des élèves de certains lycées de Libreville vers les nouveaux bâtiments construits dans certains arrondissements. C'est le cas du 2èm et le 1er arrondissement de la capitale gabonaise.

S'agissant de la difficulté liée à l'obtention des postes budgétaires, le premier ministre a déclaré que le gouvernement mettra à la disposition des éventuels demandeurs, les postes qui se libèreront au terme de l'opération lancée depuis quelque temps et consistant premièrement, à la régularisation des situations administratives des agents, ensuite le paiement des rappels dont le début se fera dès la fin du mois de novembre 2013 et enfin, le lancement des opérations des départs volontaires.

Le Chef du gouvernement qui a tenu à rappeler les missions régaliennes de l'Etat aux enseignants s'est étonné du montant de 19 milliards de la Pife contre 11 milliards en l'espace d'un laps de temps alors même que le ratio sur les effectifs des éventuels bénéficiaires reflétait autre chose. Aussi, face à ce qui ressemble à une opération de surenchère, Raymond Ndong Sima a informé ses interlocuteurs de ce qu'une commission de vérification comprenant certains départements ministériels sera mise en branle rapidement afin de démasquer, le cas échéant, les malversations supposées dans le paiement des différentes primes.

Autre point majeur évoqué par les membres des syndicats, celui relatif à la situation des enseignants du pré-primaire. Le chef du gouvernement a dit qu'il mettait à l'instant même, une commission spéciale composée des membres des administrations concernées, de la primature et des syndicats qui s'occupera de la vérification du listing des bons rose pour qu'à terme, des invitations soient adressées aux personnes pour complément des dossiers en vue d une intégration définitive à la Fonction publique. Situation qui a fait dire à Etienne Massard Cabinda qu'il y avait effectivement des avancées dans ces échanges.

Le dispositif qu'entend mettre en place le gouvernement pour la vérification au niveau provincial des ayant-droits à la Pife ne semble pas plaire aux membres des syndicats qui voient en cette décision des pouvoirs publics, un coup de pied dans la fourmilière. L'on est en mesure, au sortir de ces échanges, de se poser la question de savoir pourquoi la vérification des noms dans le listing préconisé fait-elle peur aux syndicats, et plus précisément la Conasysed. Pour le Chef du gouvernement, le principe est de rechercher une solution aux problèmes posés.