Journée Mondiale de la Vie Sauvage:le Gabon abrite la cinquième population d’éléphants du continent africain
Mesdames et Messieurs,
Le 03 mars de chaque année, le Gabon, à l’instar de la Communauté Internationale, célèbre la Journée Mondiale de la Vie Sauvage. Celle-ci a été instituée le 20 décembre 2013, lors de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, en référence au jour de l’adoption de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, plus connue sous l’acronyme CITES.
Le thème retenu cette année est : « L’avenir des éléphants est entre nos mains. ». Cette journée est l’occasion de célébrer les formes innombrables, belles et diverses, que revêtent la faune et la flore sauvages, de rappeler les interactions privilégiées existant entre la faune et les hommes et, de sensibiliser sur l’urgente nécessité d’intensifier la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, dont les répercussions sont à la fois économiques, environnementales et sociales.
Ce thème souligne en particulier le rôle majeur que joue l’éléphant dans le cycle de vie des hommes et de la diversité biologique
En effet, sur le plan écologique, ces pachydermes contribuent à perpétuer la diversité végétale par le biais de leur transit intestinal, qui concourt à la dispersion des essences forestières, dont certaines ont des usages multiples, tels que l’Andok et le Moabi.
Sur le plan économique, l’éléphant est un atout majeur pour le développement de l’écotourisme que nous souhaitons promouvoir dans nos aires protégées.
La culture n’est pas en reste, car certaines parties, telles la peau, les poils et bien d’autres encore sont utilisées par les populations à des fins thérapeutiques et pour divers autres usages. Enfin, sous d’autres cieux, l’éléphant fait partie des divinités et représente la sagesse, la prudence et l’éducation.
Mes chers compatriotes,
Malgré l’intérêt de la faune et de la flore pour le développement durable et le bien-être de l’humanité, la vie sauvage est en danger ; certaines des espèces les plus importantes sont menacées d’extinction en raison de la disparition de leur habitat ou de l’intensification du trafic dont elles font l’objet.
Autrefois considérée comme une menace secondaire, la criminalité faunique et floristique compte aujourd’hui parmi les plus grands fléaux auxquels l’humanité est confrontée aux côtés des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains.
Au-delà des impacts environnementaux immédiats, le commerce illicite des ressources naturelles, prive non seulement les économies des pays en développement d’une importante source de revenus, mais représente aussi une menace pour la sécurité de ces Etats. Il s’agit là, d’une criminalité intergénérationnelle qui peut marquer définitivement le monde par la perte de pans entiers de la biodiversité. Elle est lourde de conséquence sur les plans écologique, économique et social en constituant un obstacle majeur aux efforts des peuples qui se mobilisent pour gérer durablement les ressources naturelles.
Mesdames et Messieurs,
En Afrique, le nombre d’éléphants tués chaque année est de l’ordre de 20.000 à 25.000, sur une population estimée à 650.000 individus. La population d’éléphants de forêt a, quant à elle, diminué d’environ 62% entre 2002 et 2011. L’ivoire issue du braconnage en Afrique pourrait représenter une valeur marchande au niveau de l’utilisateur final en Asie de 165 à 188 millions de dollars américains.
Avec environ 40.000 éléphants répartis sur tout le territoire national, le Gabon abrite la cinquième population d’éléphants du continent africain et, environ 50% des éléphants d’Afrique centrale. Cette espèce est présente sur 88% du territoire national. Le Gabon constitue donc un pays clé pour la protection de l’éléphant à l’échelle du continent africain.
Toutefois, si le braconnage des éléphants au Gabon est resté modéré jusqu’à la fin des années 90, il connaît, depuis une dizaine d’années, une inquiétante progression. En effet, on estime que 16.000 à 19.000 éléphants ont été tués dans la période de 2004 à 2012 à l’intérieur et en périphérie du parc national de Minkébé.
Mesdames et Messieurs,
Bien que nous assistons à une prise de conscience de la communauté internationale vis-à-vis de la criminalité liée aux espèces sauvages, les réponses apportées ne semblent pas être à la hauteur de la menace, ou du moins suffisantes pour l’endiguer. L’ampleur de ce phénomène nécessite désormais des interventionsmultiformes et concertées entre les Etats de l’aire de localisation, ceux de transit et les marchés.
C’est tout le sens, de l’action de Son Excellence, Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République, Chef de l’Etat, en faveur de la protection de notre riche biodiversité qui s’est traduite par l’appel à la communauté internationale lors de la Conférence de Londres sur le commerce illicite d’espèces sauvages, en février 2014.
Fidèle à ses engagements, le Gabon prend une part active au « partenariat mondial pour la conservation de la faune et la prévention des crimes pour un développement durable ». Ce programme, qui s’étend sur sept (7) ans, implique 11 pays d’Afrique et d’Asie et, a pour objectif de promouvoir la conservation de la faune, la prévention de la criminalité faunique et le développement durable afin de réduire les impacts du braconnage et du commerce illicite sur les espèces menacées connues.
Au plan régional, le Gabon adhère à la décision du Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA), de juin 2015, qui soutient la Déclaration de Brazzaville de la Conférence internationale sur l’exploitation illégale et le commerce illicite de la flore et de la faune sauvages d’Afrique, ainsi que la Stratégie qui en découle.
A l’échelle nationale, le Code Forestier, en cours de révision, intègre les dispositions relatives aux principales conventions internationales auxquelles nous sommes parties.
Mes chers compatriotes,
Cette célébration intervient à un moment de grande inquiétude pour nos paysans confrontés aux récurrentes destructions de leurs cultures par les animaux, dont principalement les éléphants.
Le Gouvernement de la République, conduit par le Professeur Daniel ONA ONDO, est solidaire des victimes et a par conséquent, placé cette problématique au centre de ses préoccupations. Outre la mise en place d’un certain nombre de mécanismes en collaboration avec la FAO, la Banque Mondiale et l’Agence Française de développement en vue d’enrayer ce phénomène, une réflexion est en cours allant dans le sens de la mise en place d’un mécanisme d’assurance pour les victimes, leurs ayants-droit et pour la vulgarisation des techniques de protection.
Avant de clore mon propos, je voudrais ici rappeler que la Journée mondiale de la vie sauvage est, une fois de plus, l’occasion d’inviter l’ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre le braconnage et le commerce illicite des produits de la faune et de la flore sauvages à s’unir pour faire face aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés.
Vive la Journée mondiale de la vie sauvage,
Vive le Gabon,
Je vous remercie.
Madame Flore Joséphine MISTOUL YAME,Ministre de la Protection de l’Environnement et des Ressources Naturelles, de la Foret et de la Mer