Extraction illicite de matériaux de construction dans la zone sud de Libreville
L’entreprise EGCA Construction prise la pelle dans le sable
Les constructions situées le long du rivage, entre le port d’ACAE et le pont Nomba sont menacées d’écroulement. Ce, en raison de l’avancement progressif du niveau de la mer.
Une situation imputable, selon les experts en la matière, à l’activité d’extraction illégale de sable dans la zone par la société marocaine EGCA Construction. Laquelle a usé de stratagèmes vis-à-vis de l’administration des Mines pour exploiter du sable.
Outre les habitations, l’Hôtel Boulevard est également menacé de destruction. Les responsables de cet établissement hôtelier ont assuré avoir perdu 70% de leur clientèle du fait des activités de la société marocaine. «Depuis que les travaux de la société EGCA Construction, l’eau, la poussière et le bruit nous envahissent, faisant fuir une bonne partie de notre clientèle. Il est même arrivé que l’eau entre et perturbe une cérémonie de mariage dans la nuit. Notre restaurant est si souvent inondé. L’opérateur a régulièrement été interpellé. En retour, c’est une fin de non recevoir», s’est alarmé M. Fall, le responsable des ressources humaines de l’hôtel.
Jeudi 19 novembre courant, le ministre des Mines et de l’Industrie, Martial-Rufin Moussavou, est allé lui-même constater la véracité des faits. Mais il n’a pas souhaité commenter la situation, se contentant de dire qu’il rendra compte à sa hiérarchie.
En mai 2015, les dirigeants de l’entreprise marocaine avaient sollicité du département ministériel suscité, une autorisation d’extraction de sable dans la zone d’ACAE. Cette demande lui avait été refusée du fait que l’environnement n’est pas propice à cette activité.
Trois mois plus tard, c’est-à-dire le 4 août de l’année en cours, en présentant un certificat de conformité pour l’aménagement d’un quai, ces mêmes dirigeants étaient revenus à la charge. Ils avaient alors sollicité cette fois l’autorisation de transférer les matériaux (sable) qui se trouvaient sur le quai du port ACAE vers d’autres sites. Ce qui devait donc leur permettre d’engager les travaux projetés.
Cette dernière autorisation sollicitée leur sera finalement accordée le 20 août dernier. Le ministère des Mines prenant tout de même le soin de préciser à l’opérateur que ‘‘la présente autorisation ne constitue en aucun cas une autorisation d’exploitation de matériaux de carrière. Tout comme elle ne confère pas à la société EGCA Construction le droit de draguer le sable marin sur la zone de construction du quai’’.
Mais, au lieu de l’enlèvement du sable présent sur le quai, la société marocaine s’est plutôt dotée d’une suceuse pour l’extraction de sable marin. L’administration avait d’abord fait une première constatation, infligeant à l’entreprise une amende conformément à la loi 17/14 du 30 juin 2015 portant réglementation du secteur minier en République gabonaise.
Au lieu de l’arrêter, EGCA Construction a plutôt poursuivi son activité illicite. Bravant ainsi la puissance publique. En conséquence, elle s’expose aux sanctions prévues par la loi citée plus haut.
En effet, l’article 325 de la loi 17/14 stipule que ‘‘le défaut d’autorisation d’une activité relative aux substances précieuses est puni d’une amende allant de 500 000 à 20 000 000 de FCFA et d’un emprisonnement d’un à trois mois ou de l’une des deux peines’’. En cas de récidive, cette peine est portée au double. L’article 330 de la même loi ajoute que ‘‘les peines prévues (…) peuvent être assorties de la confiscation de matériel ayant servi à commettre l’infraction. Ce matériel peut être restitué au propriétaire contre paiement d’une amende de 100 000 à 2 000 000 de FCFA’’.
Le Gabon étant un Etat de droit, les sanctions à l’encontre de l’entreprise marocaine pourraient être biens plus importantes du fait qu’elle a été prise en flagrant délit d’exploitation et de vente illégale de sable. Le non-respect des prescriptions de l’administration étant aussi considéré comme une infraction.