Insalubrité/Ordures ménagères : Jean François Ndongou face aux députés

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Le ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Publique, de l'Immigration et de la Décentralisation, Jean François Ndongou qui était face aux élus du peuple, le 7 juin 2013 pour s'expliquer sur la question relative à la gestion des déchets ménagers a fait l'exposé suivant :

Excellence, Monsieur le Président le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés ;

Mesdames, Messieurs ;

Aujourd'hui, l'immense honneur me revient de communiquer devant votre auguste Assemblée, la politique du Gouvernement face à la question de l'insalubrité devenue préoccupante dans la ville de Libreville. J'ai ainsi plaisir à vous entretenir sur ce dossier car il porte sur un pan très important, celui de la propreté de notre cadre de vie de tous les jours.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Mesdames, Messieurs,

Avant de rentrer dans le développement de la politique mise en effectivité par le Gouvernement en vue du ramassage des ordures ménagères et les risques accrus d'épidémies en cas de non ramassage, permettez-moi, de remercier l'initiative heureuse prise par notre compatriote l'Honorable Maxime NGOZO ISSONDOU, Député du 2ème siège du Département de la Zadié à Mékambo, qui, constatant l'état d'insalubrité dans lequel se trouve de nouveau la ville de Libreville, s'est résolu à prendre sa bonne plume pour nous inviter à venir dire ici, et sans langue de bois, les raisons d'une telle insalubrité.

En effet, j'en conviens avec Vous de ce que notre environnement est réellement insalubre. Cette insalubrité est le fait de plusieurs facteurs et il est véritablement urgent de se pencher sur les solutions à mettre en oeuvre pour résoudre définitivement cet épineux dossier. D'autant qu'aujourd'hui, de plus en plus, il est question de développement durable, c'est-à-dire ce qu'il convient de faire pour laisser un héritage propre de l'environnement de nos enfants. C'est en cela que je suis particulièrement heureux de savoir que les Honorables Députés accordent une très grande importance à la question de la salubrité de nos villes.

 

Excellence, Monsieur le Président le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés ;

Mesdames, Messieurs ;

Le degré de salubrité urbaine est un bon indicateur du niveau de développement de la nation et une bonne mesure de la maturité et de la citoyenneté des populations. Il y a une approche sociologique dans la question de la propreté et de la gestion des déchets dans les villes. En effet, de mon point de vue, chaque société donne naissance à une civilisation et cette civilisation secrète une culture qui engendre à son tour des valeurs, lesquelles valeurs donnent naissance à des attitudes et des comportements qu'il faut souvent sensibiliser pour une action en faveur de la propreté.

Je voudrais dire ici que l'implication des populations dans la propreté des communes, quartiers et cités est donc plus qu'indispensable. A des degrés divers, nous en sommes tous responsables, parce que nous avons oublié pour certains, que la ville n'est pas une poubelle. Conséquence, nous sommes envahis par des microbes et les maladies de tous genres qui endeuillent nos familles.

Oui, Honorables Députés, au-delà des opérations ponctuelles de « villes propres », « plans d'urgence de nettoyage », « journées citoyennes  », c'est un besoin de vrais outils de planification et de la mise en place d'un schéma directeur de ramassage et de gestion de déchets dont a besoin notre capitale. C'est à juste titre que les Plus Hautes Autorités de la République, en tête desquelles, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, Président de la République Chef de l'Etat et Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement, Raymond NDONG SIMA ont décidé de se saisir dudit dossier, pour qu'enfin, notre capitale retrouve son lustre d'antan.

Aussi, pour nous permettre de bien présenter le tableau de la situation, de la ville de Libreville qui est certes alarmante, mais loin d'être apocalyptique, notre intervention se déclinera en quatre parties distinctes.

La première partie portera sur un bref rappel de la convention de concession signée par l'Etat dans le cadre de la collecte des ordures ménagères de la Commune de Libreville et ses environs au profit de la Société de Valorisation des Ordures Ménagères du Gabon en abrégé SOVOG.

La deuxième partie portera sur la mise en oeuvre du respect du cahier de charge relatif au ramassage des ordures, les difficultés d'ordre financières et matérielles de SOVOG, et l'incivisme de certains habitants.

La troisième partie sera axée sur les mesures prises en vue de soutenir financièrement la SOVOG et la décision récente de l'Etat gabonais de créer une nouvelle entreprise pour mieux remplir cette mission.

Enfin, notre quatrième, portera sur les décisions concrètes et très prochaines que le Gouvernement de la République prend et prendra pour solutionner définitivement le problème de la collecte des ordures, la nécessité de susciter un comportement nouveau, si nous tenons à voir notre capitale dans un état de propreté digne de Nous.

Excellence, Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Distingués Invités,

Dès l'an 2000, l'Etat a pris conscience qu'il ne pouvait continuer à confier aux seules collectivités locales la gestion de la propreté des villes. Voulant s'arrimer à l'ère du temps, c'est-à-dire se dessaisir de certaines de ses prérogatives au profit des Collectivités locales, dans le cadre de la Décentralisation, l'Etat à travers la ville de Libreville décide en juillet 2002, de signer une convention de Concession de collecte et traitement des ordures ménagères avec un prestataire privé, pour une durée de trente ans.

Vous avez compris que nous sommes ici dans notre première partie. Nous ne reviendrons pas ici sur les raisons de cette décision, et le contenu de cette concession, nous l'assumons, nous nous proposons plutôt de vous la traduire succinctement en nous appuyant stricto sensu sur les clauses contractuelles réciproques, notamment la part belle de la SOVOG dans ce contrat léonin pour l'Etat gabonais. 

 

Au terme de cette convention signée le 23 juillet 2002 Sovog s'engage à réaliser, la gestion et l'exploitation du programme de collecte, de traitement et de valorisation par divers procédés : Centre d'Enfouissement Technique, stérilisation, méthanisation des ordures de la ville de Libreville.

Parallèlement, l'Etat s'engage à lui trouver un terrain viabilisé sur lequel la SOVOG va réaliser ce Centre d'Enfouissement Technique. N'ayons pas honte à le dire ici, les deux signataires peinent à respecter lesdites clauses.

C'est seulement huit années après, sur proposition du Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, que le Conseil des Ministres, en sa séance du 24 juin 2010, a adopté le projet de décret portant déclaration d'Utilité Publique de deux sites d'une superficie de 88 hectares à Ogoumié, dans le Komo Mondah, dont 80 hectares pour la construction du Centre de Valorisation des déchets de la SOVOG, et 8 hectares pour le relogement des populations du village Pointe Claire à cheval entre le Département du Komo Mondah et la Commune d'Owendo.

Pour faire suite à un conflit foncier opposant l'Etat aux populations de Pointe Claire, par rapport à leur déplacement, une Commission Interministérielle sur la question a été mise en place. Les négociations entre le Commission Interministérielle et les populations sont à ce jour au point mort du fait de certaines exigences très prétentieuses des populations.

Cependant, dans le cadre de ses engagements dans la mise à disposition du site et la réalisation de certains travaux, l'Etat a déjà versé à la SOVOG pendant trois ans, de 2007 à 2009 la somme de (5.700 000 000 FCFA) Cinq milliards sept cent millions de francs CFA. Pour réussir sa mission de collecte et de valorisation des déchets, l'article 28 garantie à la SOVOG dans le budget de l'Etat, une somme annuelle de 3.600 000 000 FCFA. En son article 29, la convention prévoit la révision de ce montant à la hausse pour prendre en compte l'évolution des conditions économiques.

Ce qui justifie la dette discutable dont réclame la SOVOG à l'Etat. En retour, elle s'est engagée à collecter 150 000 tonnes d'ordures ménagères par an, pour une moyenne journalière de 500 tonnes environ. Force est de constater que la SOVOG a véritablement du mal à honorer les clauses de son contrat dans le ramassage des ordures, d'où les difficultés se traduisant par les tas d'immondices d'ordures ménagères que nous observons chaque année aux abords des voies publiques, justifiant cette 2ème interpellation par les Honorables Députés. 

 

 

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorable Députés,

Je ne voudrais pas revenir sur la pertinence, ni sur les clauses encore moins sur l'efficacité de cette Concession qui au demeurant avait pour objectif de rendre notre capitale propre. Plus d'une décennie après cette signature et ayant pu évaluer la SOVOG sur le terrain, je vous laisse chacun devant sa conscience pour appréciation à cette question : SOVOG a-t-elle réussi sa mission ?

 Ceci me conduit à présent à vous entretenir sur notre deuxième partie  qui porte sur le respect des clauses par la SOVOG dans le cadre de sa mission de collecte et de traitement des ordures ménagères, les difficultés d'ordre financières et matérielles de ladite entreprise et l'incivisme citoyen.

Je ne serais pas exhaustif sur ce point car, certains Librevillois s'accordent à reconnaître que quelques camions de la SOVOG opèrent sur le terrain essentiellement la nuit, et s'efforce avec les moyens de bord dont elle dispose à collecter quelques déchets qui enlaidissent nos quartiers. Nous conviendrons qu'au début de son activité, l'entreprise SOVOG s'est équipé de nombreux camions afin de répondre efficacement à sa mission. Mais, au fil des années, les équipements n'ont pas été renouvelé, le parc automobile s'est réduit considérablement, alors que la ville connait un agrandissement, donc plus d'ordures à collecter. Comment expliquer une telle imposture, l'on ne peut pas remplir une mission fût-elle de ramassage d'ordures ménagère avec moins de 8 camions dans une Commune comme Libreville. C'est le début du calvaire sisyphien de la SOVOG et l'indisposition des résidents que nous sommes.

Toutefois, nous tenons à relever qu'au cours des nombreuses séances de travail que j'ai eu avec les responsables de cette entreprise, le message du Gouvernement a toujours été porté aux Responsables de SOVOG, à savoir procéder au renouvellement de leur équipement sur la base des 3.600 000 000 FCFA que lui verse l'Etat chaque année. Nos suggestions et remarques ont-elles été prises en compte ? A l'évidence des faits sur le terrain la réponse est négative.

En effet, à trop vouloir seulement attendre la subvention mensuelle de l'Etat sans renouveler son parc de camion et procéder au recrutement des personnels, la SOVOG s'est retrouvée dans l'incapacité d'assurer sa mission de ramassage des ordures. En prétextant attendre le règlement de sa créance pour renouveler son parc de camions, notre ville continue à être impropre.

Face aux multiples plaintes dont elle a fait l'objet, plus de 1500 bacs supplémentaires ont été mis à contribution, 8 compacteurs de 20m3 ont été acquis et sont en train d'être installés dans les différents marchés de Libreville. Cette initiative de la SOVOG est bonne, mais ne règle en rien le problème, car 600 tonnes journalières de déchets sont à collecter de nuit par camion qu'il faut vider à la même cadence sur un site arrivé à saturation, j'ai cité la décharge Municipal de Mindoubé.

 Les responsables de cette entreprise souhaitent voir le règlement de l'ensemble des créances de l'Etat, soit un montant de plus de 16 milliards 940 millions de francs CFA, afin d'effectuer désormais effacement sa mission de collecte et de valorisation de déchets. N'est-ce pas là, un réveil tardif de la part de notre prestataire ?

Le dossier relatif à cette dette a été porté à l'attention du Gouvernement pour appréciation, une Commission Interministérielle d'audit s'y est penchée.

 

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorable Députés,

Ne nous voilons pas la face, le succès de la mission de collecte des ordures ménagères de SOVOG n'est-elle pas également tributaire au bon comportement citoyen ? A l'épreuve des faits, les citoyens autant que nous sommes n'ont-ils pas une part de responsabilité dans l'insalubrité de nos villes ? Pourquoi jetons-nous nos ordures à même le sol ? Pourquoi déposons-nous nos épaves de voitures à côté des bacs de la SOVOG ? De surcroit aux heures non indiquées pour le faire ?

Nous abordons ici, l'aspect relatif à l'incivisme de nos concitoyens participant à l'insalubrité de la ville par leurs actes inciviques, rendant ainsi la tâche difficile au prestataire. En effet, nos grandes villes sont dans un état d'insalubrité devenue très préoccupant. Cette image désastreuse n'est pas digne de notre capitale. Loin de jeter l'opprobre à la SOVOG pour insuffisance de résultat ou d'absence d'efficacité sur le terrain, nous devons également reconnaître aussi notre part de responsabilité sur l'impropreté de la Ville.

Le Département dont j'ai la charge est profondément convaincu qu'il ne pourra durablement être mis un terme à l'insalubrité de la ville de Libreville que si est menée, de pair, une action résolue sur les mentalités et les comportements, tant est grande la part de l'incivisme dans la prolifération des sources d'insalubrité et leur corollaire de maladies endémiques en tous genres.

Afin d'éviter qu'elle ne soit une toile de pénélope, comme tel semble être le cas aujourd'hui, la lutte contre l'insalubrité doit devenir si vous y en convenez, une cause nationale, devant se traduire par de vastes campagnes de sensibilisation, dont l'objectif général est d'appeler au changement des comportements par l'exemple concret, au civisme en cité, pour un vivre-ensemble harmonieux.

Honorables Députés,

Distingués Invités,

La population Librevilloise doit adopter un comportement nouveau, la SOVOG a engagée des actions et nous pensons qu'au niveau de celles-ci, la population doit prendre une part active car cela concourt à l'amélioration du cadre de vie. Donc, d'une part, nous demandons aussi bien à la population et à la Représentation Nationale de s'engager résolument dans ce combat contre l'insalubrité, à faire en sorte que nos villes et mêmes nos villages, soient des modèles au niveau de la sous région. D'autre part, nous pensons que les populations doivent adopter des comportements nouveaux, car nous avons constaté un certain laisser-faire, un certain laxisme, un véritable manque de civisme de leur part.

Comme vous le savez, la présence des déchets industriels et commerciaux participent à l'insalubrité de notre ville. En l'absence d'une réglementation en la matière, notre pays continu à collecter gratuitement les déchets commerciaux et industriels produits par les différents opérateurs économiques et déverser au niveau des points d'apport volontaire.

Certaines populations préfèrent mettre à même le sol leurs déchets quand bien même le bac est vide, l'incivisme des populations et des commerçants est aujourd'hui à son paroxysme. Il faut certainement sévir et punir les mauvais comportements citoyens. En la matière, je viens de saisir mes Collègues Membres du Gouvernement en vue de trouver ensemble une solution durable à ce problème d'insalubrité. Cette démarche traduit à n'en point douter, la détermination des pouvoirs publics, à se saisir une fois pour toute de ce dossier qui engage par ses effets négatifs, la santé de nos concitoyens, et entache l'image de notre pays présenté par les Plus Hautes Autorités comme chantre de l'environnement.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Vous avez compris que nous abordons à présent la troisième partie de notre propos ayant trait aux mesures salvatrices prises par le Gouvernement de la République en son temps, pour aider l'entreprise SOVOG a faire correctement son travail, et la décision de l'Etat, prise en octobre 2012, de rentrer au capital de cette entreprise à hauteur de 70% pour qu'enfin, Libreville soit dotée d'une entreprise capable de remplir effacement la mission de ramassage des ordures ménagères.

Toutefois, il convient de rappeler ici que les difficultés de trésorerie de la SOVOG ont toujours été portées en son temps à l'attention du Gouvernement dès que cette entreprise s'est retrouvée dans l'incapacité à honorer ses prestations. Mais, soutenant que l'Etat lui était redevable d'une dette de plus de 16, 940 milliards de francs CFA créance auditée par le Ministère du Budget et de l'Economie, et en 2013 par la Direction Générale du Contrôle des Ressources et des Charges Publiques, ses prestations n'ont cessé de décroitre. Une Commission Interministérielle sous la présidence de Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement a été mise en place. Ce, en vue la relecture de cette convention qui accordait plutôt une part belle d'avantage financier à SOVOG au détriment de l'Etat gabonais.

Ayant fait du règlement de cette créance un préalable aux fins d'apporter aux populations de Libreville un travail de qualité, la ville devenant de plus en plus sale, le Gouvernement de la République s'est véritablement saisi du dossier. C'est pourquoi, dès sa prise de fonction, Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement Raymond NDONG SIMA a présidé plus de dix réunions sur les difficultés de la SOVOG. Cela traduit aisément la disponibilité et la détermination du Gouvernement à trouver des solutions faces aux problèmes d'insalubrité. Toujours sur instruction de Monsieur le Premier Ministre, un Groupe de travail avait été mis en place, il a procédé à la relecture de la convention de concession, le vendredi 27 juillet 2012, les recommandations du rapport des experts a été porté à la haute attention du Gouvernement.

En dépit de l'essoufflement de cette entreprise à remplir correctement sa mission comme tel est le cas aujourd'hui, le Gouvernement continue toujours de verser la redevance annuelle de 3.600 000 000 FCFA.

Tenant à préserver un cadre de vie sain à ses concitoyens, des moyens financiers ont été consenti dans l'assainissement de la route donnant accès à la décharge comme le souhaitait la SOVOG. Conscient de la saturation du site de Mindoubé, en dépit des aménagements ponctuels en cours, il est prévu l'ouverture du site de Nkoltang afin de délocaliser définitivement la décharge de Mindoubé. Pour sa part, la Mairie de Libreville vient d'autoriser l'installation des compacteurs sur les sites des marchés retenus.

Dans sa vision de faire du Gabon un pays émergeant à l'horizon 2025, et constatant les atermoiements du prestataire à remplir comme il se doit sa mission, et afin de permettre une meilleure gestion de la salubrité urbaine dans notre pays, le Président de la République Chef de l'Etat a instruit le Gouvernement en octobre 2012 de prendre des participations dans le capital social de la société SOVOG, à concurrence de 70%. Le 12 octobre 2012, un protocole a été signé avec le Fonds Gabonais d'Investissement Stratégique pour les conditions de rachat de 70% des actions de SOVOG.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Le 12 avril 2013, la société SOVOG devient la Compagnie pour l'Entretien, l'Assainissement et le Nettoyage en abrégé CLEAN AFRICA, avec pour objectif de régler l'insalubrité de l'agglomération urbaine de Libreville. Depuis l'annonce officielle jusqu'à ce jour, l'entreprise procède à une mutation structurelle afin de mieux répondre à ces nouveaux objectifs.

Bien que l'Etat soit désormais majoritaire dans le capital de CLEAN AFRICA, ex SOVOG, il est important que l'Etat mette à la disposition de cette nouvelle structure des moyens logistiques conséquents et des hommes rompus à cette délicate mission. Si tel n'est pas le cas, nous risquerons de nous retrouver avec une entreprise à la gabonaise à l'image de Gabon Air lines, et autres Sogacel, Sotraville, etc.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

En effet, depuis quelques temps, des tas d'ordures ménagères ne cessent de croître dans les rues de Libreville. A l'origine de cette situation, de toute évidence, les prestations en deçà de la SOVOG, et la non opérationnalité de la nouvelle entreprise CLEAN AFRICA. De l'apport financier reçu de l'Etat gabonais, les dirigeants de cette entreprise et son Conseil d'administration procèdent actuellement à la sortie des nouveaux camions bennes compactrices. Nous osons croire qu'avec CLEAN AFRICA en tant qu'entreprise dont l'Etat est majoritaire, le souvenir de SOVOG s'effacera rapidement de nos mémoires. J'en suis convaincu eu égard à la composition des membres de son Conseil d'Administration. Vous confirmerez mes propos, lorsque vous les recevrez, aux fins qu'ils vous déclinent le plan directeur de collecte des ordures, la masse financière et les moyens logistiques pour y parvenir. 

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Enfin, je voudrais terminer notre communication sur une note d'optimisme. En effet, la Propreté est un bien public au même titre que l'eau potable, dont les populations ne peuvent être privées. Cette exigence fait naître un droit fondamental : le droit du citoyen à disposer d'un environnement sain et approprié à la vie en cité. C'est donc un service public de par sa nature. Contrairement à l'eau, l'électricité, ou le téléphone, le ramassage des ordures et leur traitement n'ont pas été gérés comme un service public, malgré leur impact évident sur la santé publique. D'où les problèmes récurrents d'insalubrité que connaissent nos villes aujourd'hui.

Avec la politique de l'émergence, le Gabon doit être un pays de référence en matière de propreté. Il incombe à l'Etat de veiller à offrir un cadre de vie aux populations où il fait bon vivre, mais en retour les populations doivent participer à maintenir leur cadre de vie en état de propreté. A cet effet, nous demandons aux populations de nous aider à rendre notre cadre de vie sain. Nous pouvons être une référence de propreté en Afrique au sud du Sahara. Cela est possible si la population y met de la volonté. Nous leur demandons de poser des actions citoyennes, de veiller à ce que notre cadre de vie soit sain au-delà de nos maisons, de nos cours, etc.

 En effet, devrions-nous revenir à la méthode des années 70 et 80 ? Où, si mes souvenirs sont bons, il existait au niveau de l'Institut d'hygiène, un service qui passait de cour en cour pour vérifier si tout est propre. Et si les populations ne respectaient pas les règles d'hygiène et de propreté, elles étaient verbalisées. Il leur était interdit de verser des eaux usées dans les rues, etc.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

La propreté doit être un élément majeur dans notre « moi ». Les « opérations villes propres », « Communes propres », « Journées citoyennes  » sont certes intéressantes, sauf qu'elles sont ponctuelles, j'allais dire politique. Ce que nous préconisons au niveau du Ministère de l'Intérieur, si vous y avez convenance, c'est d'aller au-delà de ces actions en mettant en place des comités de veille dans les quartiers, poussant ainsi les différents auxiliaires de commandement à participer de façon active avec toutes les populations à l'amélioration du cadre de vie. 

 Pour atteindre les objectifs articulés, pour l'essentiel, autour d'un changement radical du « disque dur » des gabonais, terme cher à un de vos éminents collègues parlementaires, le département dont j'ai la charge a besoin du concours de tous, donc de relais ayant une autorité emblématique, permettant de porter le message de la culture de la propreté dans tous les foyers du Gabon.

 A ce titre, le rôle de confessions religieuses n'est pas à négliger, il s'agit d'inciter les hommes de Dieu et d'Allah à servir effectivement de relais avec pour slogan « une âme saine, dans un corps sain et un cadre de vie sain ». La salubrité étant vraiment l'affaire de tous, les confessions religieuses ont toute leur place dans ce qui en réalité une grande cause citoyenne et nationale. D'autant qu'elles rassemblent, peu ou la quasi-totalité des hommes et des femmes de notre pays.

Devant traiter ce mal à la racine, nous sommes convaincus de la transversalité de la problématique de l'insalubrité. En effet, pour que nos enfants qui sont les adultes de demain grandissent avec les règles d'hygiène et de propreté en eux, le Ministère de l'Intérieur envisage travailler à l'avenir avec le Ministère de l'Education Nationale, afin d'élaborer des guides pédagogiques qui seront mis à la disposition des enseignants dans les différents établissements de notre pays. Nous ne disons pas que cela n'existe pas mais, le Ministère dont j'ai la charge, pensant à tous ces problèmes, veut renforcer l'existant. Les enfants doivent savoir que vivre dans un cadre de vie sain, est synonyme de réussite et de longévité.

En effet, Dieu nous a enseigné la propreté. Nous devons sensibiliser massivement la population sur la nécessité d'avoir un environnement propre. Nous mettrons l'accent non seulement sur les médias de masse, mais également sur les techniques de proximité.

 

Pour clore cet exposé, nous ne saurons faire passer sous silence les multiples actions concrètes du Gouvernement de la République lorsque notre capitale se retrouve avec de nombreuses ordures dans l'ensemble des quartiers. Avant le lancement de la Coupe d'Afrique des Nations en février 2012 dans notre pays, un plan d'urgence de nettoyage a été lancé. Cette opération d'embellissement de notre capitale a couté aux contribuables la somme de 800 millions de francs.

En octobre 2012, le Gouvernement de la République a mis à la disposition de l'entreprise SOVOG la somme de 600 millions de francs CFA, soit 300 millions pour la construction d'une plate forme de vidage non achevée à ce jour sur le site de Mindoubé, afin de permettre aux camions de SOVOG de poursuivre le dépotage au sein de ladite décharge, et 300 millions comme fond de soutien supplémentaire pour rendre la ville plus propre pour une durée de deux mois. Pour parvenir à remplir correctement cette mission durant deux mois, elle s'est attaché les services des opérateurs économiques aux fins d'honorer ledit contrat.

Le 3ème plan d'urgence de nettoyage de la ville de Libreville a été lancé avant l'arrivée de Son Altesse Royale Mohamed VI Roi du Maroc pour un montant de 150 millions pour une durée d'une semaine. 

 Bien que ces opérations soient ponctuelles, elles ont contribué pour ainsi dire à rendre notre capitale véritablement propre, notamment la toute dernière opération.

En prélude à l'organisation du 2ème Forum New York Africa à Libreville, le Gouvernement de la République vient de lancer une opération « Coup de poings » en vue de rendre notre capitale propre à hauteur de 500 millions de francs.

Eu égard à ce qui précède, l'on ne peut pas dire que l'Etat ne fait rien pour solutionner de manière définitive le problème de la gestion des déchets. Sur le plan strictement réglementaire, en complément du Code de l'Environnement en vigueur, le Ministère de l'Intérieur à travers la Direction Générale de l'Assistance aux Municipalités a élaboré un Décret portant réglementation du Plan National de Gestion de Déchets en cours de signature.

Pour disposer des ressources pérennes dans le cadre du financement de la chaîne de gestion des déchets, une réflexion est en cours en vue de l'application du principe « pollueur-payeur ». 

En terme budgétaire, pour l'exercice en cours, le Ministère de l'Intérieur est doté d'une inscription de 740 millions pour la réalisation du projet de construction d'une usine de traitement de déchets. A côté de cette dotation, une autre inscription budgétaire de 250 millions est disponible à l'Agence Nationale de Grands Travaux pour le même projet.

Cependant, la lourdeur des procédures de décaissements desdits fonds imposés par les ministères financiers n'a pas permis l'utilisation à ce jour de ces fonds. Pourtant, des sites ont déjà été identifiés, ont même déjà fait l'objet d'études préliminaires. En clair, si nous ne disposons pas d'une véritable unité de stockage de déchets répondant aux normes internationales, quelque soit la qualité de la collecte, à travers les capacités opérationnelles des entreprises, il nous sera difficile d'avoir une ville propre. Tel est le fond du problème.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

La ville qui nous héberge n'est une cité que, pour autant, que nous avons pleinement conscience qu'il s'agit d'un bien commun pour lequel de grands sacrifices doivent être consentis par tous. En l'espèce, il s'agit d'amener les mentalités à changer à partir d'outils dont la simplicité et l'évidence permettent de conduire rapidement le plus grand nombre à prendre conscience des effets pervers de certains comportements.

 Je profite de cette occasion pour dire aux populations que l'insalubrité tue, en jetant les ordures dans les rues, les caniveaux, elles posent des actes d'incivisme. Il est urgent et nécessaire de faire de chaque citoyen vivant dans nos villes un acteur et un messager de la propreté dans sa sphère particulière.

Merci d'avance à l'Assemblée Nationale pour son accompagnement à soutenir les actions du Ministère de l'Intérieur visant à asseoir le civisme comme état d'esprit sur l'ensemble du territoire national.

Sans pour autant préjuger de l'action sur le terrain de la nouvelle entreprise CLEAN AFRICA, nous lui souhaitons bon travail afin que la question du ramassage des ordures ménagères cesse d'entre un caillou dans la chaussure de l'équipe gouvernementale.

Je vous remercie.