CICIBA :La renaissance africaine

L’aventure reprend pour la culture et le patrimoine bantu. Et c’est ainsi que 34 ans après sa création à Libreville pour « affirmer la dignité et la fierté de l’Homme noir », le CICIBA dispose d’un nouveau siège, mis à disposition par le Gabon.

À l’occasion de l’inauguration des locaux, au cœur d’un bâtiment moderne du quartier résidentiel du pont de Gué Gué, le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet, représentant le Président de la République, SE Ali Bongo Ondimba, a souhaité témoigner de l’attachement de son pays au devenir du Centre international des civilisations bantu en se faisant accompagner d’une large partie de son Gouvernement.

En présence des chefs de missions diplomatiques, des représentants des institutions internationales et des dignitaires des chefferies traditionnelles, le ministre de l’Economie numérique, de la Communication, de la Culture et des Arts, maître d’œuvre du projet de relance du CICIBA et président du Conseil d’administration du Centre a célébré « une Afrique bantu qui stimule le génie de ses enfants ». Pour Alain-Claude Bilie-By-Nze, « les traditions et l’unité  de nos peuples doivent être rétablis dans leur juste trajectoire, communiant à la même source matricielle ». Invitant le nouveau CICIBA à relever les défis de la gestion managériale, à assainir ses textes organiques et à développer des activités à forte visibilité notamment par le biais des outils numériques, le ministre a rappelé que le Chef de l’État, initiateur du renouveau du Centre, aimait à dire : « Nous sommes des bantu du troisième millénaire ».

Dans son allocution, le Directeur général du CICIBA, le Professeur Antoine Manda Tchebwa (Congo démocratique), a rendu un hommage appuyé au « vénéré père fondateur Omar Bongo Ondimba, héraut de la conscience décomplexée de l’identité culturelle », puis à « l’inspirateur de ce précieux accomplissement », l’actuel président. Guidé par le viatique du défunt - « rechercher les racines bantu, c’est construire notre avenir » -, l’éminent musicologue a fait le rêve « d’un meilleur partage du savoir et de l’être bantu dans toute l’étendue de leur dignité ».

À sa suite, le Secrétaire exécutif du Centre régional de recherche et de documentation sur les traditions orales et pour le développement des langues africaines (CERDOTOLA), le Professeur Charles Binam Bikoï (Cameroun) s’est félicité de l’apport annoncé du CICIBA au sein du Sommet des institutions culturelles d’Afrique et de la diaspora africaine (SICADIA), un mécanisme de suivi et de pilotage émanant de l’Union africaine qui regroupe déjà, outre le CERDOTOLA, l’Observatoire des politiques culturelles en Afrique (OCPA – Mozambique), le Centre pour les arts et les civilisations noires et africaines (CBAAC – Nigéria) et le Centre d’études linguistiques et historiques par tradition orale (CELHTO - Niger).

« Notre identité n’est pas perdue – comme on voudrait parfois nous le faire croire : elle demande à être actualisée, pour pouvoir féconder notre croissance et notre développement ». Une réflexion signée Omar Bongo que l’universitaire camerounais a adopté bien volontiers au fil de son intervention, plaidant pour une Afrique encore à libérer du colonialisme de la pensée, soucieuse d’établir les voies de son endogénéité et de son émergence par le renouvellement des idées. L’Ubuntu : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ».

Dans son message officiel, SE Ali Bongo Ondimba a confié son souhait le plus ardent : « Voir le CICIBA continuer à rassembler, tant à Libreville que dans chacun des États membres, les professionnels les plus doués de la science, de la culture et des arts pour produire un savoir encore plus fédérateur ». De la parole aux actes, avec la signature, en fin de cérémonie, d’un protocole d’accord de coopération entre le Centre international des civilisations Bantu et l’université Omar Bongo.