Atelier/Braconnage : Une volonté commune accrue des états à lutter contre ce phénomène

Le ministre des Eaux et Forêt, Gabriel Ntchango a clôturé, le 5 avril 2012 à Libreville, les travaux de l'atelier sous-régional sur le trafic d'espèces de faune sauvage et le démantèlement des réseaux illicites transnationaux qui a réuni durant 3 jours, près de 150 personnes dont, les représentants des Gouvernements des Etats d'Afrique Centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo et Tchad), les représentants des ambassades des Etats-Unis en Afrique Centrale, des organismes de conservation intervenant aux niveaux sous-régional et international (CITES, INTERPOL, TRAFFIC, WCS, WWF) et des ONG asiatiques travaillant dans la lutte contre le trafic des produits issus du braconnage.

Organisé par le Ministère des Eaux et Forêts, l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) et le gouvernement américain, cet atelier a permis de mieux comprendre la problématique du braconnage de la sous-région d'Afrique Centrale et du commerce des produits qui en sont issus mais aussi de partager les outils et initiatives existants en faveur de la lutte contre ces fléaux.

Le Ministre des Eaux et Forêts du Gabon s'est félicité de la tenue de cet atelier et de l'adhésion massive des Etats à cette initiative.

En effet, malgré les engagements pris par les Etats visant à renforcer des cadres réglementaire et institutionnel et à harmoniser et coordonner les interventions, beaucoup d'efforts supplémentaires doivent encore être faits dans de nombreux domaines afin d'éradiquer ce phénomène de braconnage.

Face à l'importance de ces chantiers importants, les Etats de la sous-région n'arriveront pas à faire face, seuls, à ce problème.

« La problématique du braconnage va désormais au-delà du non-respect des dispositions réglementaires relatives à la gestion durable de la faune sauvage dans les différents Etats. En effet, elle est devenue une question de sécurité intérieure, d'intégrité territoriale et est soumise à la loi de l'offre et de la demande. Se concerter sur cette question devient, plus que par le passé, une nécessité et un exercice auquel tout Etat responsable doit se livrer mais elle ne doit pas être traitée en vase clos  » a ajouté Gabriel Ntchango.

Le Ministre des Eaux et Forêt a d'ailleurs tenu a remercié le Gouvernement américain pour l'organisation de cet atelier et pour le soutien que ce pays apporte depuis plusieurs années aux causes environnementales dans la sous-région d'Afrique Centrale.

Aujourd'hui, le gouvernement des Etats-Unis est un des seuls bailleurs de fonds prêt à financer directement les questions de protections de l'environnement dans le monde.

L'engagement des Etats-Unis dans la sous-région d'Afrique centrale pour l'environnement et la protection de la faune et la flore, perdure depuis plus de 15 ans, notamment à travers :

- CARPE : Programme d'Afrique Centrale pour l'environnement dont les financements s'élèvent à près de 150 Millions de dollars ;

- LEDS : Programme faible émission de gaz à effet de serre qui a pour objectif d'aider les pays à se développer en limitant les gaz à effet de serre. Le Gabon fait parti des 11 pays partenaires à ce programme ;

- Plusieurs programmes financés par le service des Etats-Unis pour la faune et la pêche ;

- AFRICOM : programme d'assistance militaire aux pays

La présence forte des Etats-Unis pour la cause environnementale est due à 4 volontés principales :

- La conservation de la faune et de la flore pour préserver la vie des générations futures ;

- L'aide au développement économique : Les ressources disponibles dans ces régions aide au maintien du bien-être des populations dans ces régions ;

- Le développement de l'éco-tourisme qui conduirait à la construction d'infrastructures hôtelières, à la création d'emplois et à la formation des ressources humaines ;

- La sécurité nationale : Les activités de braconnage n'ont pas de frontière. Les bandes armées très organisées traversent les frontières des pays et représentent donc un risque de déstabilisation de la sous-région.

« Il est primordial pour les pays de renforcer la coopération régionale en mettant en place une élite de protection de la faune pour assurer la sécurité comme celle déjà mise en place en Asie du Sud-Est, Asie du Sud-Ouest et en Amérique latine avec l'aide des Etats-Unis  » a indiqué Daniel Clune, premier sous-secrétaire d'Etat adjoint à la Direction des océans et des affaires écologiques et scientifiques du département d'État (OES) aux Etats-Unis.

Pour apporter toute l'aide nécessaire en formation et approvisionnement d'équipements, les Etats-Unis ont besoin que les pays de la sous-région mettent en place un plan d'action.

« Il est nécessaire que les Etats organisent une réponse régionale et manifestent une forte volonté politique pour outiller les agents de sécurité. Nous serons alors prêt à les soutenir dans la mise en place de leurs actions  » a ajouté l'ambassadeur des Etats-Unis au Gabon, Eric Benjaminson.

Une volonté forte du Gabon à lutter pour la préservation de la biodiversité Jouant un rôle moteur dans la sauvegarde de la forêt du Bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète après l'Amazonie avec deux millions de kilomètres carrés de forêts tropicales captant chaque année plus de 70 millions de tonnes de dioxyde de carbone, le Gabon est soutenu depuis plusieurs années par les Etats-Unis.

En 2004, L'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), créée en 2002 pour protéger la faune et la flore gabonaise, a signé un protocole d'accord avec les Parcs Nationaux aux Etats-Unis visant à aider la mise en oeuvre de la sauvegarde de la biodiversité gabonaise. Aujourd'hui encore, un accord bilatéral entre les gouvernements d'un montant de 3 millions de dollars a été signé afin de soutenir l'ANPN dans ses efforts de protection et de bonne gestion de l'environnement.

« Je vous confirme la disponibilité du Gabon pour accompagner ce processus de lutte contre le braconnage qui s'intègre dans le pilier Gabon Vert du Programme de société du Président de la République, Chef de l'Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA  » a déclaré le Ministre des Eaux et Forêt, Gabriel Ntchango aux participants de l'atelier.

Dans cette optique, plusieurs dispositions ont déjà été lancées au Gabon :

- La création d'une unité militaire d'élite qui a pour mission de sécuriser les parcs du Gabon et de protéger la faune et la flore sauvage, notamment contre le braconnage et le trafic illégal d'ivoire en avril 2011. Les Etats-Unis vont soutenir le Gabon dans la formation de cette unité spéciale et l'entretien du matériel ;

- L'audit des stocks d'ivoire issus des saisies organisées dans le cadre de la lutte anti-braconnage ; Des discussions avec d'autres gouvernements pour la mise en place d'une solution visant à stabiliser la région.

En plus d'une coopération forte entre les Etats, une harmonisation des peines à l'encontre des braconniers devra être actée. Jusqu'à présent, les peines encourues dépendent du gouvernement du pays où les braconniers sont arrêtés. Ces peines varient beaucoup d'un pays à l'autre. En Chine, les peines encourues par les trafiquants d'ivoire peuvent aller de la perpétuité à la peine de mort ; au Gabon, les peines varient de 1 à 6 mois de prison.

Afin de dissuader tous les acteurs de ces actes, il est donc aussi nécessaire que les Etats harmonisent leur législation et qu'ils qualifient désormais le braconnage comme un acte de « criminalité ».